Vendredi 23 octobre : Thompson et sa station de bus ...

JOUR 7

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6H30, le train s'arrête à Gillam nous sommes à mi chemin entre Churchill et Thompson. Il fait bien nuit mais on ne peut observer d'aurore boréales car il est trop tard dans la nuit ou trop tôt le matin et le ciel est couvert. La neige recouvre entièrement le sol de la petite ville du Manitoba.

Il y a au Canada des villages indiens ou l'alcool est proscrit. La rumeur dit que les employés de via rail échangeraient des bouteilles d'alcool contre du poisson fraîchement pêché.

L'hiver va peu à peu s'installer maintenant dans le nord du Manitoba, les castors vont moins faire les malins dans l'eau glacée. Le grand manteau blanc de l'hiver va recouvrir peu à peu une grande partie de l'amérique du nord. Certains d'entre vous peuvent penser que je suis fou de parcourir le canada à cette saison ci, mais c'est ça le vrai canada. Certe en été les montagnes rocheuses, le yukon offrent de magnifiques paysages, mais l'hiver une autre ambiance se créée.

10H passée, le train traverse toujours la forêt, je viens d'aperçevoir en haut d'un conifère, un nid avec un couple de Pygargues à tête blanche, splendide !

Je pense à tout et n'importe quoi, c'est une sorte de méditation que de voyager longuement pendant une journée entière en bus ou en train.

Qu'est ce qui joue dans mon I-pod :

La neige tombe toujours, il est 11H15, le train s'arrête pendant près de 25 minutes au milieu de nul part pour laisser passer un convoi de marchandise qui passe dans le sens inverse.

Je discute pas mal avec Patrick et Cécile au court de cette dernière partie de voyage en train. Ils sont vraiment sympathiques. Patrick fait parti de l'équipe Suisse de ski Salomon, la classe ! Il est habillé principalement par la marque de sport, Hey justement je porte une veste Salomon.

Cécile en PVT en Toronto travaille dans une boutique de vêtements, mais à la base bosse dans les pâtisseries. Nous échangeons nos coordonnées tout les trois.

Après 18H30 de train, oui il a une demi heure de retard, mais ce n'est rien pour des distances et des conditions comme celles que l'on vient de rencontrer, nous arrivons à Thompson. Je descend du train Patrick me salut à travers la vitre.

Je me pose devant la gare et fume une cigarette, après 18 heures de train ça fait du bien !

Direction maintenant le centre, je reprend le chemin que j'ai emprunté lundi, il ya environ 10 cm de neige dans la ville alors que lundi il n'y avait pratiquement rien, c'est fou comme ça change !

Au bout d'une vingtaine de minutes je rejoint la zone commerciale de Thompson, un petit tour chez A&W pour un burger rapide. Par la même occasion je demande à la serveuse, une amérindienne ou puis-je trouver la bibliothèque. Elle est situé juste derrière le fast food, le bâtiment brun, cool !

15H15, je rentre dans la Thompson public library, je demande s'il y a une connexion WIFI, oui c'est gratuit en plus. La bibliothèque ferme ses portes à 17h, je ne pourrai pas patientez trop longtemps ici.

16H45, je reprend mon backpack et en profite pour me renseigner, auprès de l'hôtesse, ou se trouve la station de bus. C'est a environ 25-30 minutes de marche, j'y suis arrivé lundi mais je ne me souviens plus ou elle est car j'y suis parti en voiture.

Mon bus est à 22h, j'ai vérifié les horaires sur internet, il me reste encore pas mal de temps à patienter, je ne peux pas trop me déplacer à travers la ville à cause de la neige et de mon sac à dos, c'est difficile là un peu. En plus avec mes bottes j'ai du mal à marcher dans la neige, je glisse souvent. Je n'ai pas pris mes chaussures de rand avec moi, elles sont plus ou moins mortes, j'ai hésité à prendre mes chaussures que j'utilise sur les chantiers, des Caterpillar de très bonne qualité,, au final j'ai opté pour mes bottes plus légères. Mais là je me dis que j'aurais du prendre mes « CAT ».

Bref, c'est comme ça, faut que je m'adapte. Je me dirige vers la banque Scotia pour retirer un peu de Cash, j'en profite pour le faire maintenant car c'est la banque avec qui j'ai un compte à Montréal et je ne sais pas si je pourrai en trouver dans les Rockies Mountains.

Je passe acheter aussi des mini carottes au supermarché, oui je suis assez fan de carottes même si je sais que les carottes lavés comme ça ce n'est pas très bio, mais bon c'est pratique pour grignoter dans le bus. Je me dirige ensuite vers le Tim Horton que j'ai testé lundi dernier, il est 17H45 et la nuit commence à tomber. J'aimerais me rendre à la station de bus avant la nuit car elle se trouve dans une zone industrielle et je n'ai pas entièrement confiance en la ville de Thompson, avec mon sac je suis vulnérable et repérable, mais bon j'ai une bonne droite et de la rage à évacuer pour celui qui me fera chier. Il y a bien des taxis, mais c'est choisir la facilité.

Je patiente encore un peu en m'informant sur jasper à travers le Lonely Planet.

18H40, j'arrive à la station GreyGoose, ça s'est bien fait finalement, il fait nuit et de légers flocons tombent. J'ai pris une photo sur le chemin d'un grand bâtiment avec un loup peint sur le pignon, pas mal !

Devant moi un homme glisse sur la neige et se retrouve à terre, oups ! Je lui demande si ça va. Il me dit que oui, c'est probablement la première et la dernière fois que je viens ici. Il semble être un ouvrier qui arrive de l'usine de Nickel proche d'ici. Ca résume un peu Thompson.

Le dépôt de bus est vraiment pourri, l'atmosphère n'y est pas sympathique, je vais devoir patientez encore près de trois heures ici, fait chier.

La salle d'attente se vide, un bus doit partir d'ici peu. C'est à ce moment là que la femme qui occupe l'accueil, à qui je venais de demander si le prochain bus pour Winnipeg partait bien à 22h, vient me voir en me disant qu'elle ferme le local dans 10 minutes, à 19h. Putain c'est n'importe quoi, je vais devoir attendre dehors. Comment on dit déjà aimable comme une porte de prison ?

Je sors avec mes sacs, c'est pas comme s'il faisait froid et neigeait. Ca réouvre à 21h, 2 heures à attendre là comme un con, je vais pas retourner dans le centre avec mon sac et tout. Moi qui ait horreur d'attendre en plus.

20 minutes, après la femme sort du bâtiment, elle m'appelle, je vais la voir et elle me dit : Vous n'avez nulle part ou aller ? Je lui répond, je vais attendre ici. Là elle me dit rentre et je ferme derrière toi, mais n'ouvre à personne. Ok Thanks ! On dirait que je suis punis, là assis dans un coin sur une chaise.

Je vais devoir patientez dans le sas d'entrée, je ne peux même pas aller dans la salle d'attente c'est fermé. J'ai accès aux toilettes quand même et elle m'a mit une chaise à disposition. Il y a le distributeur d'argent à ma droite, je pourrai essayer de le braquer. Je vais écrire un bouquin ensuite « Comment braquer un distributeur de cash en 2 heures ».

Première étape, observer les lieux: pas de caméra, il y a une espèce de détecteur de mouvement au dessus de la machine, il à l'air d'y être relié, mais est branché à une prise.

Deuxième étape comment désactiver les systèmes de sécurité : Créer un court circuit, comment c'est simple, près de moi une cabine téléphonique avec un annuaire retenu par un petit câble d'acier, il me suffit de le sectionner avec l'aide de mon Letherman, pour en faire un morceau d'environ 10 cm. Ensuite je rentre l'extrémité de ce câble dans un des trous de la prise de courant situé en face de moi et l'autre extrémité dans le second trou, là le court circuit à bien lieu.

Troisième étape : Ouvrir le distributeur, simplement à l'aide de mon couteau suisse, je désactive la serrure, attention faut avoir le coup de main. Ca y est il est ouvert, même pas de dispositif de protection par injection d'encre. Je compte l'argent 2340 $ en coupure de 20, yes ! Je referme la machine, ni vu ni connu. J'ai mis une heure et 13 minutes pour réaliser cette opération, mais pour les novices le réussir en moins de 2 heures est difficile. Un petit conseil ne laisser pas d'empreintes digitales, et si quelqu'un arrive quand êtes en train de travailler, dites que ce n'est pas vous. Faut toujours nier dans ces moments là, sinon vous pourriez avoir des problèmes.

Bon j'arrête mes conneries, faut bien s'occuper, hein ! Si c'était aussi simple que ça ...

J'attend, j'attend, j'attend.

21h voilà enfin la fille qui vient ouvrir le dépôt, je rentre dans le hall et là j'attend toujours.

21H50, je suis dans le bus, j'avais oublié le maigre confort pour y passer une nuit.

Le chauffeur démarre le bus, ah non ! Panne de batterie, j'ai un Karma avec les bus dit donc.

Au bout de 5 minutes avec l'aide d'un booster, le bus démarre.

C'est parti direction Winnipeg sur la route enneigée, arrivée 7H00 demain matin.

Je me dit que j'aurais aimé faire ce voyage accompagné de l'amour, là avec moi à travers les chemins et les routes de la vie, il y a une place de libre près de moi. J'ai l'espoir qu'un jour quelqu'un vienne s'asseoir près de moi pour continuer à profiter de l'aventure avant qu'il ne soit trop tard.

Je sais bien qu'autour de moi on dit que je me détruit et qu'un jour je trouverai la bonne, je fais semblant d'y croire en sachant que le temps passe, mais j'ai soif, j'ai soif de petits bras.

A travers cette route située au milieu de nulle part, je m'endors, bercé par quelque mélodies de musique, sans même pouvoir apercevoir mon étoile dissimulé par les nuages.