Dimanche 18 octobre, je pars vers l'inconnu !

JOUR 2

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Bon matin !

Première nuit passée dans le bus, certes un peu plié dans tous les sens, j'ai changé de position environ 10000 fois pour trouver la bonne mais au final sans y parvenir. My little pillow m'a bien servit quand même. Au final on peut dire que la nuit ne s'est pas si mal passée que ça, réveillé de temps en temps mais je me rendormais aussitôt.

Il est 8h passé et le soleil est tout juste levé. Nous allons changer de fuseau horaire dans la journée à la frontière entre l'Ontario et le Manitoba. La route longe à présent le lac supérieur, je suis heureux car je pensais l'avoir dépassé au cours de la nuit. C'est le plus grand lac d'eau douce au monde ! Nous sommes à 109 km de Thunder bay (baie du tonnerre), ville situé en bordure du lac.

Mais oui je n'ai pas rêvé sur les collines au loin j'ai vu de la neige, en petite quantité c'est sur, je pense qu'il a neigé récemment et les versant situés au Nord et à l'Est n'ont pas complètement fondu.

Thunder bay où le bus va faire une pause est situé à environ 30 kilomètres de la frontière US et Chicago se trouve plus au sud dans l'Illinois.

Le paysage qui défile sous mes yeux actuellement est assez accidenté, cette partie de la région est situé sur le bouclier canadien. J'ai vu sur les grands lacs de temps en temps, peuplé de nombreuse petites îles qui créent un paysage splendide. La forêt est composé principalement d'épinette et de betula.

Je ne l'ai pas mentionné auparavant mais cela fait plusieurs centaines de kilomètres que nous parcourons à travers l'Ontario d'anciens territoires amérindiens. Le nom des villages et des panneaux publicitaires nous le rappelle.

Le long de la route, j'observe de temps à autres des exploitations forestières, je pense que cela sera commun tout le long de mon itinéraire à travers le Canada. Le bus approche de Thunder Bay, le temps de vous parler de la météo d'aujourd'hui, le ciel bleu est voilé nuageux laiteux, j'appelerais ça comme ça, mais pour l'instant, pas de neige ou de pluie en vu.

À Thunder Bay, tout ce que j'aurais vu c'est une station Greyhound dans une zone industrielle; Ca me l'a fou ! Car j'aurais aimer voir la baie, sur la route j'ai apperçu au large de la ville des îles avec des reliefs assez originaux. I'm disapointed ! En bus c'est sur que l'on a pas la même liberté qu'en voiture.

Qu'est ce qui joue sur mon I-pod : 

12H30, une petite pause dans une station service perdue au milieu de nul part, et le soleil pointe son nez, il fait bon au soleil. Je discute avec Shayna la fille que j'ai rencontré hier à Sudbury.

Je demande à la pilote de bus (oui on peut appeler ça « pilote », le bus double les camions, les voitures) si je peux prendre mon lunch dans mon sac qui est en soutte. Elle me dit que l'on va faire une pause plus tard, à Dryden je pense, pas très aimable madame greyhound.

Les paysages sont vraiment magnifiques, je me régale, j'aperçoi une Pygargue à tête blanche qui découpe le ciel bleu de ses grandes ailes déployés.

Je suis vraiment chanceux, pendant un mois je vais découvrir sans cesse de nouvelles choses. Je part vers l'inconnu !

Petit bémol parfois à travers ces paysages de toute beauté, des zones d'exploitation forestière de coupe à blanc apparaissent en bordure de route. C'est un des types d'exploitation les plus dévastateurs. Cette technique consiste à raser complétement la parcelle exploité pour ensuite garder uniquement les essences qui sont bonnes pour la production de bois, de papier, le reste est parfois utilisé pour le chauffage. Une fois exploité sur cette parcelle, il ne reste que des friches, un désastre pour la biodiversité. On entend souvent dire « oui mais la compagnie replante ensuite » ok mais il ne s'agit plus d'une forêt mais d'un champ d'arbre. Ces zones de coupes à blanc sont parfois laissés à elles mêmes, dans ces conditions les arbres repoussent mais ce sont les résineux qui prennent le dessus par leur pousse rapide et ne laissent pas de place aux feuillus, donc l'écosystème d'origine est perturbé et de la même façon, la biodiversité locale.

La solution consiste à mettre en place une exploitation responsable et respectueuse de l'environnement. Concrètement il s'agit d'effectuer des coupes ciblé dans la forêt sur de arbres à maturités et des essences qui désirées. Cette technique est certe plus couteuse mais parler de l'importance de la biodiversité, notre avenir ne dépend t-il pas des forêts présentent sur terre ? Véritable poumon de la planète.

La pilote de bus est vraiment folle, elle vient de doubler, dans une montée légèrement en courbe, une voiture et deux truck. Faut vivre dangereusement ok, mais je veux pas mourir dans ce bus !

Pause lunch à Dryden et on reprend la route, le paysage est un peu plus monotone. Tient ! Des bisons, je ne les prends pas en photos car c'est un élevage, ça casse un peu le charme du bison qui coure dans les plaines.

On approche de la frontière Ontario/Manitoba, le paysage est formé toujours d'un relief légèrement accidenté, je me demande si la limite avec les plaines est si flagrante, on verra...

Nous sommes à présent dans le Manitoba, pas de grande métamorphose, pas encore de prairies (ou culture intensive je dirais),mais toujours de la forêt mais du plat, c'est la différence avec l'Ontario. La route s'est élargie, deux fois deux voies, et est assez droite.

Pour l'instant mon quota faune n'est pas glorieux, un orignal mort dans un pick up, une biche écrasée sur le bord de la route et un élevage de bisons; si j'ai quand même observé deux pygargues à tête blanche, et plusieurs castors dans des cours d'eau.

Je me dit que j'ai apporté des bouquins pour rien car dans le bus je passe mon temps à dévorer les paysages, à écrire ce que vous lisez là, à penser à tout et n'importe quoi et de temps en temps à écouter de la zik. Je ne trouve pas le temps long du tout, je ferais le tour du monde avec Greyhound (je dis ça peut être car c'est seulement le deuxième jour de voyage). Ce que je trouve le plus ennuyeux ce sont les pauses dans les pauvres stations services ou il n'y a pas un chat. J'ai envie de dire au chauffeur : « Away, away ! Go man ! »

La forêt est moins dense depuis quelques kilomètres et rares sont les résineux. Le soleil descend à l'horizon, ma deuxième journée de bus achève, nous allons arriver à Winnipeg où j'ai un transfert et un délai d'attente de trois heures.

Wouah ! Je suis en train d'écrire, je relève la tête et là plus d'arbres le long de la route c'est impressionnant, changement radical, la forêt laisse place aux plaines, on aperçoit des zones boisées autour des propriétés disposées au milieu des cultures. Imaginez le même type de paysage que quand vous prenez le TGV Rennes- Paris : la beauce.

Ces paysages de prairies ne sont pour le moment que de courte durée car à Winnipeg je vais prendre la direction du Nord et retrouver ainsi la forêt, la vraie forêt : la forêt boréale. Comme je vais voyager de nuit avant de prendre le train à Thompson pour Churchill je n'aurais pas la chance de pouvoir apprécier les paysages.

Je suis encore dans le bus et le soleil se couche sur les plaines de winnipeg, je vois les building au loin découper le ciel coloré de jaune, nous arrivons. J'en profite pour mettre ma montre à l'heure, je recule d'une heure ma montre par rapport à l'heure de Montréal, je suis désormais décalé de sept heures par rapport à la France.

Nous sommes arrivés à Winnipeg, j'ai été faire un tour dans l'aéroport qui est situé à proximité de la gare de bus. J'ai l'intention de me connecter à internet pour voir mes emails et et vous raconter un peu mes premiers jours de voyage sur mon blog, mais le réseau wireless n'est pas gratuit à l'aéroport de Winnipeg. Heureusement que je ne travaille pas pour le guide du routard ou lonely planet car je les aurais séché. Bref, j'ai 3 heures d'attente avant mon bus donc je vais en profiter pour manger et rentrer mes notes sur mon laptop.

Ah faut que je vous parle de Shayna, c'est à Winnipeg que nous nous quittons, car je vais vers le Nord et elle l'Ouest. On se retrouve dans la gare à la sortie du bus : « a quelle heure est ton bus ... bla bla. C'est alors que je lui donne l'adresse de mon blog que j'avais noté auparavant sur un morceau de papier : « If you want to follow my journey ». Elle sort de sa poche, un papier sur lequel elle avait noté ses coordonnées accompagnés de quelques mots. C'est assez marrant. Au niveau des rencontres mon road trip commence bien, mais bon je ne suis pas sur que l'on se reverra un jour. Elle m'invite à passer à Regina à mon retour de Churchill, mais étant donné que mon timing est serré je ne sais pas si cela sera possible, mais peut être, à suivre au prochain épisode ;)

Embarquement pour Thompson ! Oh ça ne rigole pas, fouille des sacs, détecteur de métaux. Dans ma tête je me dis merde, car j'ai un couteau à ma ceinture, putain ils vont me faire chier avec ça. Ca ne sert à rien de le cacher, les agents de fouille vont le trouver de toute façon. « I have a knife » je le lui donne, et là rien, tranquillou-quillou. L'agent donne mon knife à son collègue et lui dit de le mettre dans le Backpack with the tripod qui sera mis dans la soutte. Ouf! pas trop de problème. En fait pour la sécurité, il est interdit d'avoir tout ce qui pourrai s'apparenter à une arme à l'intérieur du bus. J'avais entendu une histoire qui disait qu'une fille avait été égorgée à bord d'un bus Greyhound dans le nord du Saskatchewan.

Nous partons de Winnipeg, il est 22H10, dans le bus il y a une forte majorité d'amérindiens. Je vais passer ma deuxième nuit dans le bus, je me réveillerais le lendemain matin à Thompson, les ours polaires approchent ...

La grande ourse est de nouveau lumineuse dans le ciel du Manitoba, j'écoute un peu de musique en regardant la forêt défiler à travers les vitres du bus, et peu à peu je m'endort.